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Histoire d'une Marque:
Panerai D'Alexandrie A Hollywood

Par Stephan Ciejka en 'La Revue des Montres' N° 30

Conçues à l'aube de la Seconde guerre mondiale à l'intention de combattants dont l'arme secrète était la discrétion, les montres Panerai connaissent, plus de cinquante ans plus tard, une nouvelle carrière. Cette fois-ci sous les feux des projecteurs...

Egypte, 19 décembre 1941, 4 H 30 du matin. Deux silhouettes fantomatiques s'affairent a l'ombre d'une digue, dans le port d'Alexandrie. L'ingénieur du Génie Maritime de 1ère Classe Antonio Marceglia et le quartier-maître scaphandrier Spartaco Schergat ne savent pas encore qu'ils s'apprêtent à prendre place au Panthéon de l'histoire militaire du XXè siècle. Pour l'instant, ils dissimulent sous de grosses pierres leurs lourdes combinaisons de caoutchouc, poignards, compas et montres, avant de se perdre dans l'obscurité... Quelques heures plus tard, il sont fait prisonniers par les Anglais et resteront détenus jusqu'a la fin de la guerre, mais leur mission est déja accomplie avec succès. Une partie de leur matériel, lui, finira chez un brocanteur égyptien, où il ne sera retrouvé que cinquante années plus tard. La veille, a la nuit tombée, les S.L.C. 221, 222 et 223 ont quitté un sous-marin tapi devant l'entrée du port, chevauché chacun par deux plongeurs. Le S.L.C. (pour Sîlura Lento Corsa ou torpille a course lente), est un engin piloté conçu comme un sous-marin miniature a propulsion électrique, d'une fiabilité relative, que sa difficulté a maîtriser a fait baptiser 'maiale' (cochon).

Après s'être glissés au travers des défenses britanniques, les appareils ont déposé leurs charge de 300 kg d'explosifs sous trois objectifs un pétrolier et, surtout, les cuirassés 'Queen Elisabeth' et 'Vouant', fleurons de la Royal Navy en Méditerranée. Le Lieutenant de Vaisseau Luigi Durand De La Penne s'est lui-même chargé du 'Voliant'.

Cette attaque sur le port égyptien voit la mise hors de combat jusqu'a la fin de la guerre de deux cuirassés de 32.700 tonnes, parmi les plus puissants jamais construits, mesurant plus de 200 mètres de long et armés de seize canons de gros calibre. Ce sera l'une des plus grandes victoires de la marine italienne durant le dernier conflit mondial. Une action d'éclat, comme le reconnaîtra Winston Churchul, alors Premier ministre britannique: 'Six Italiens, vêtus de scaphandres quelque peu insolites, équipés d'un matériel au coût dérisoire, ont fait basculer l'équilibre militaire en Méditerranée au profit de l'Axe.' Un bel hommage...

Un monde noir et glacé
Loin des images colorées du monde du silence, cher au visiteur occasionnel des calanques méditerranéennes et au commandant Cousteau, la mer se montre plus souvent noire et glacée pour ceux qui ont choisi d'y combattre. Si au milieu des années 50 la plongée civile commence a se développer en tant que loisir, son pendant militaire lui est largement antérieur.

Incontestables pionniers en matière de combat sous-marin non conventionnel, les Italiens mettent en oeuvre dès l'année 1915 des engins d'attaque, groupés dans une unité spéciale camouflée sous l'appellation M.A.S. Ces trois lettres, généralement admise comme étant les initiales de 'Motoscafi AntiSommergibile' (canot anti-sous-marin), ont été sublimés en 1920 par le poète Gabriele d'Annunzio en 'Memento Audere Semper' (souviens-toi d'oser toujours).

Deux facteurs permettent d'expliquer la création de ce moyen de combat par la marine italienne. Le premier est d'ordre géographique l'empire austro-hongrois, adversaire principal au cours de cette guerre, ne dispose comme façade maritime que de la mer Adriatique, une zone quasi fermée ne communiquant avec la Méditerranée que par le canal d'Otrante. L'Adriatique est peu profonde et possède un littoral très découpé.

Le second facteur est d'ordre purement militaire, puisque la flotte austro-hongroise préfère stationner dans ses ports fortifiés où elle reste potentiellement dangereuse, plutôt que de naviguer en mer libre où elle aurait à affronter les forces alliées. Les Italiens sont donc amenés à étudier toutes les possibilités d'attaque d'une flotte réfugiée dans des ports extrêmement bien protégés, seule possibilité d'amoindrir le potentiel naval de l'ennemi.

Hormis quelques opérations menées par de petites unités de surface, les M.A.S. italiens vont réussir la première attaque de nageurs de combat le 31 octobre 1918: l'ingénieur principal du génie maritime Raffaele Rosetti et le m& decin de marine Raffaele Paolucci, coulent le cuirassé de 20.000 tonnes Viribus Unitis, ancré dans le port dalmate de Pola, à l'aide de charges explosives appelées Mignattas. Un fait d'arme, mais la fin du conflit tarit l'intérêt pour ces nouveaux procédés.

Forts de cette expérience et, sous l'impulsion de Costanzo Ciano, père du gendre de Mussolini, les Italiens vont reprendre en 1935 l'étude de moyens d'assaut permettantl'attaque de bâtiments adverses dans les ports. Car il s'agit également de compenser la faiblesse de leur flotte classique par rapport à leurs nouveaux adversaires, dont la redoutable Home Fleet britannique, déployée en force en Méditerranée afin d'intimider les visées expansionnistes italiennes en Afrique.

Decima M.A.S
La flottille des engins spéciaux reçoit son appellation distinctive de Decima (dixième) Flottiglia M.A.S. le 15 mars 1941, après s'être d'abord appelée 'Première Flottille de Moyens d'Assaut' lors de sa création, en 1938. Elle opère avec des torpilles pilotées, des canots explosifs et des nageurs de combat du groupe 'Gamma', basés à l'académie navale de Livourne et commandés par le lieutenant de vaisseau Eugenio Wolk. Ils seront employés pour la première fois lors de l'attaque du port d'Alger, en décembre 1942. Cette opération, menée conjointement avec des torpilles pilotées, se soldera par la destruction de plus de 20.000 tonneaux de navires marchands. Les M.A.S. opéreront aussi plusieurs fois sur Gibraltar, sur Malte, en Mer Noire et en Crète, avec plus ou moins de succès, mais toujours au prix de pertes élevées, en tués ou prisonniers, et sans la moindre gloire pour les survivants, le secret absolu couvrant ce type d'opération interdisant tout communiqué de victoire.

Opérateurs de la KRIEGSMARINE
Alliés des Allemands, les Italiens, et particulièrement Eugenio Wolk, un ancien champion de natation, vont assurer la formation des premiers nageurs de combat de la marine de Hitler, surnommés 'hommes K', de ceux de la division Brandenbourg, branche 'action' de l'Abwehr (le service de renseignement dirigé par l'Amiral Canaris) et de quelques membres du R.S.H.A., les services spéciaux de la SS, certainement issus de l'unité commandée par le célèbre Qtto Skorzeny, organisateur de la libération de Mussolini. Après la chute du Duce en 1943, une partie des M.A.S poursuivra la guerre au côté des alliés, les autres combattront avec l'Allemagne, au sein des forces armées de la République Sociale Italienne, principalement sur le front de l'est et contre les partisans yougoslaves de Tito.

Opérateurs de la C.I.A.
Un certain nombre seront utilisés à des missions de déminage des ports méditerranéens, puis bien après 1945, par les Anglais, et, surtout les Américains, comme instructeurs. Et même, pour certains, comme opérateurs de la C.I.A. au cours de la guerre froide. Mais ceci est une autre histoire...

Aujourd'hui, presque toutes les armées du monde comptent dans leurs rangs des spécialistes entraînés à combattre en milieu aquatique. En Italie, la marine a recréé en avril 1953, une unité de nageurs de combat: le COMSUBIN (Commando Subaquatico Incursore), qui comprend aussi une école de plongée et un groupe de plongée profonde. Cette unité maintient un voile de mystère sur l'ensemble de ses activités. Quelques indiscrétions ont toutefois filtré, indiquant sa présence au Liban, en Somalie, en ex-Yougoslavie, et plus récemment, en mars dernier, en Albanie pour couvrir l'évacuation des ressortissants italiens du sud de ce pays.

Un matériel de pointe
Pour mener à bien leurs missions, les hommes des M.A.S. reçoivent un matériel qui, s'il semble classique de nos jours, apparaît tout à fait révolutionnaire à l'époque. Cet équipement comprend une combinaison de tissu gommé sombre, fin et très souple, la 'Mutta di Goma', fabriquée à Gênes et portée au-dessus de sous-vêtements chauds des palmes courtes et un appareil respiratoire, dont le modèle évoluera jusqu'au Pirelli mis au point par le Commandant Angelo Belloni (il assure trois heures d'autonomie alors que les premiers systèmes ne permettaient de rester sous l'eau que trente à quarante minutes).

Le Pirelli est un système fonctionnant en circuit fermé dont l'avantage principal est de n'émettre aucune bulle. Outre sa remarquable discrétion, cet appareil respiratoire offre l'avantage d'un encombrement réduit pour une autonomie tout à fait compatible avec les missions des 'Nuattatori di Guerra'. Mais plus encore que son hydrodynamisme discutable, son inconvénient majeur est de ne permettre de plonger qu'à une profondeur maximale de 12 mètres, l'oxygène pur respiré à une pression plus élevée devenant poison mortel.

Les plongeurs italiens compensent cette faiblesse en introduisant une petite quantité d'air ambiant dans le faux poumon et plongent avec ce nouveau mélange, qui serait aujourd'hui qualifié de mélange enrichi, à des profondeurs pouvant atteindre 25 mètres.

L'armement offensif des hommes Gamma est constitué de charges explosives de deux familles. Tout d'abord les Mignattas (ou sangsues) de 2 kg munies de divers systèmes de retard; le nageur en porte quatre ou cinq dans des musettes de toile. Et puis il y a les mallettes explosives de 4,5 kg, munies d'un système de retard ou d'une petite aube. Dans ce cas, la valise n'explose que lorsque le navire se trouve au large après que la petite aube ait effectué un certain nombre de tours préprogrammés. Cette technique offre l'avantage de ne pas éveiller immédiatement la méfiance de l'adversaire sur le type d'attaque dont il est victime, l'explosion pouvant être mise sur le compte de mines.

L'approche de l'objectif, après dépôt par sous-marin ou canot automobile rapide, soit cinq à sept kilomètres, s'effectue de nuit, sur le dos, et en surface. Les nageurs se camouflent le visage, seule partie émergée, en le maquillant de noir et en portant un filet de camouflage facial imitant un paquet d'algues dérivantes. La vitesse de déplacement est d'environ 1.500 mètres à l'heure. Afin de se dégager d'un filet ou cordage, les hommes Gamma disposent d'un poignard, porté à la ceinture ou, le plus souvent, sanglé sur le mollet.

Enfin, cet équipement est complété par une série d'instruments de navigation, une montre, et un compas.

L'Officine Panerai
Le fabricant choisi, établi à Florence, est l'Officine Panerai, une petite société familiale spécialisée dans la mécanique de précision. Fondée en 1865 par Guida Panerai, elle s'illustre rapidement dans la fourniture d'instrumentation à la marine royale. Systèmes de visée et jauges diverses sortent des atelier à destination des navires de la flotte.

Guida a deux enfants, une fille, Maria, et un fils, Giuseppe, qui travaillent dans la société familiale installée dans un hôtel particulier du centre de Florence. En outre, ils sont propriétaires d'un magasin d'horlogerie de détail, 'l'Orlogeria Svizzera', installé en face de la cathédrale, l'un des plus anciens concessionnaires Rolex et Patek Philippe de la péninsule italienne.

Panerai reçoit sa première commande de montres de la marine en 1867. En l'absence d'archives, il n'a pas été possible d'en déterminer le modèle, mais il s'agissait probablement d'une montre de pont.

Au début des années 30, Giuseppe reprend fermement les rênes de l'affaire, efficacement secondé par Sa soeur. Fort logiquement, la marine fait appel à Panerai, sous-traitant discret et reconnu, pour la fourniture de matériels à ses nouvelles unités. Les premières montres et boussoles sont livrées, semble-il, à partir de 1938, date inscrite sur un plan représentant une boîte étanche ajustable au poignet dans laquelle prend place une montre ordinaire. Ce premier concept abandonné, une montre, conservée au Musée Naval de La Spezia et portant la gravure Xe Flotille M.A.S. numéro 1, offerte par l'Amiral Ernesto Natari (qui avait débuté sa carrière comme jeune officier dans cette unité), présente toutes les garanties permettant d'en faire le premier modèle de référence.

La premiêre montre
Cet équipement revêt une importance majeure lors d'une mission sous-marine, le facteur temps déterminant très souvent la réussite au l'échec de l'opération. La fabrication d'une montre étanche n'ayant rien d'évident à cette époque, l'inavatian était de mise.

Si des montres étanches ont été construites pour la première fois au début du siècle, les Panerai peuvent être qualifiées de premières montres spécialement manufacturées pour des plongeurs. Comme les autres instruments Panerai, le fabricant a privilégié la lisibilité dans les conditions les plus mauvaises. Protégé par une glace bombée épaisse, le cadran est noir mat, frappé de chiffres et de bâtonnets peints en vert fluorescent à l'aide de radium. Il porte, en lettres blanches majuscules l'inscription 'Radiomir Panerai'. Les aiguilles des heures et des minutes sont surdimensiannées. La boîte en forme de coussin à fond vissé est construite en acier inoxydable et mesure 47 millimètres, dimension imposante quand on sait qu'une montre standard possède un diamètre moyen de 30 millimètres. La grosse couronne de remontoir est visée, comme sur les Rolex; les bracelets en cuir épais et munis d'une boucle à ardillon, sont cousus et rivetés sur deux barres d'acier plié, soudées de part et d'autre de la boîte. Les mouvements mécaniques sont manufacturés par Rolex, sur une base Cortebert, utilisée généralement pour des montres de poche pour dame. Sans dispositif antichac, il compte 15 rubis.

Les montres pour la KRIEGSMARINE
Un petit nombre de Panerai seront livrées aux redoutables hommes K, les plongeurs de la Kriegsmarine, dont les premiers éléments ont été formés en Italie. Ces montres nepartent généralement aucune indication sur le cadran, mais les fonds peuvent être gravés, d'une façon plus ou mains sophistiquée, au nom de l'unité à laquelle elles ont été livrées. Un film de propagande, consacré à l'attaque de ponts sur le Rhin et sur laquelle figurent des plongeurs en train de s'équiper, témoigne sans doute possible de leur utilisation opérationnelle.

L 'aprês-guerre
Un second modèle apparaît entre 1944 et 1946, avec un certain nombre de variantes, et sera construit jusque dans les années 1956-60. Mis à part une épaisseur plus importante, la boîte, fabriquée par Rolex, garde sensiblement les dimensions du modèle 1938, mais porte des cornes largement dimensionnées sur lesquelles sont goupillées des pompes imposantes.

On rencontre deux types de remontoirs: le premier, muni d'un système de pression breveté par Panerai, appuie le remontoir sur un joint pour en assurer l'étanchéité; le second est du classique type Rolex. Les cadrans sont du même type que le modèle 1938, Si ce n'est les inscriptions portées sur celui-ci. On pourra ainsi lire 'Radiomir Panerai', quand le radium sera utilisé, puis 'Luminor Panerai', lorsqu'il sera supprimé pour cause de radiation au profit du tritium, ou encore 'Marina Militare', pour les montres livrées à la marine italienne après 1945.

L'abandon du radium allait entraîner la réforme des matériels antérieurs. Le danger de radioactivité lié à ce matériau impliquait des mesures de destruction particulièrement draconiennes. Un jeune officier subalterne du commando naval reçut l'ordre de réunir boussoles, bathymètre et montres, puis de les couler dans un gras bloc de béton, qui fut immergé au large du part de La Spézia, à quelques encablures d'un amer bien choisi, par une profondeur de 80 mètres, où elles dorment encore. Ironie du sort, après une longue et brillante carrière dans la marine, sa destiné croisera à nouveau celle de la société Panerai...

Les montres...
On rencontre deux types de mouvements Rolex 17 rubis ou Angélus 8 jours. Dans ce cas, une aiguille des secondes se trouve a 9 h. Hormis la marine inilitaire, les instruments Panerai seront aussi utilisés par les plongeurs des carabiniers, et par ceux de la police.

Il feront aussi l'objet d'exportations limitées au début des années 50 vers les Etats-Unis, pour quelques montres et boussoles, avant d'intéresser les Français. Ceux-ci ne donneront pas suite, malgré un rapport extrêmement favorable du lieutenant de vaisseau Riffaut, premier commandant du Commando Hubert, préconisant son adoption après une visite chez ses homologues italiens, en juin 1953.

En revanche, il semble que les commandos de la marine israélienne aient acquis quelques instruments à l'époque où leurs relations avec les Italiens étaient assez étroites. Vers 1956, Panerai livre deux séries de montres à la marine égyptienne, qui représentera certainement le plus important marché à l'export de la firme pour ce type de matériel des Luminor Panerai d'une part, sans gravure sur le fond, et une série de montres rondes, animées par un mouvement Angélus 8 jours. Cette Panerai 'égyptienne' sera produite en quantité ultra limitée, soit 15 à 50 pièces.

La compagnie fabriquera globalement entre 300 et 500 montres entre les années 30 et la fin des années 50, toutes destinées à des unités militaires à vocations spéciales. La destruction d'une partie du stock explique leur rareté.

Le 'set' des nageurs est livré soit dans des haltes en car-ton, soit à l'inférieur d'un sac de toile rohuste. Les instruments sont construits en acier i noxyda hie et munis de sangles de cuir fauve traité nautique pour étre portés au poignet. Les boucles sont en acier fini gris mat par traitement de surface. Le compas porte une rose hémisphérique graduée dans un bain d'alcool.

Les bathymètres (profondimètres) sont sait gradués de o a 40 (ou 60 mètres par tranches de 5 mètres) pour la plongée à l'air, soit de 0 à 16 mètres pour la plongée a l'oxygène. Les bathymètres et compas que nous avons pu examiner étaient du méme modèle.

Pour mémoire, il faut également citer quelques versions de 'démonstration a vocation didactique, caractérisées par un fond transparent et une lunette fixe gravée au nom de Panerai, et quelques prototypes 'exotiques' â halte aluminium ou métal composite.

Fidèle à sa vacation d'atelier de recherche, Panerai développe au début des années quatre-vingt un set modernisé, comprenant bathymètre, compas et montre, tous réalisés en titane, métal alliant légèreté, amagnétisme, robustesse et anallergie. Seule une poignée de compas sera acquis par la marine italienne, les quelques montres fabriquées, équipées de mouvements automatiques Piguet, ne dépassant pas le stade de prototype, essentiellement pour des raisons budgétaires.

Au début des années 90, à la demande de nombreux amateurs, Panerai a recréé une ligne de montres en conformité avec les modèles de l'époque, mais bénéficiant des recherches de la déceénie précédente. Deux modèles sont disponibles à ce jour, une montre de plongée et un chronagraphe dont seulement quelques exemplaires avaient été réalisés à la fin de la Seconde guerre mondiale,. Elles sont fabriquées avec le même souci de qualité et de perfection, et font l'objet de séries limitées à diffusion forcément restreinte.

La Luminor Panerai
Première du genre et archétype de la montre de plongée à usage professionnel, une série de mille exemplaires numérotés de la Luminor a été fabriquée en 1994. Entièrement construite en acier inoxydable AISI 316 L, la boîte affiche un imposant diamètre extérieur de 44 millimètres. Sa fabrication requiert 54 opérations et quatre séries de tests dont une mise à la pression de 40 atmosphères, soit la simulation d'une profondeur de 400 mètres sous l'eau. Certaines ont été éprouvées à i 70 atmosphères, soit i 700 mètres, lors d'essais de résistance.

Datée d'un verre saphir bombé, la Luminor est caractérisée par un système unique breveté qui protège la couronne de remontoir et un système a levier qui compresse le joint d'étanchéité d'une façon uniforme et sans aucune torsion comme ce peut être le cas sur les montres de plongée traditionnelles. La liaison boîtier-bracelet a été particulièrement soignée des axes robustes maintenus par des vis remplacent avantageusement les 'pompes' traditionnelles et suppriment tous les risques de perte en cas de choc violent â la liaison boîte-bracelet.

Le cadran noir porte quatre grands chiffres arabes et huit index luminescents. Cette luminescence est obtenue par l'utilisation de Tritium 8/3 ISO, protégé par l'application d'un vernis laqué conformément aux normes internationales. Les aiguilles reçoivent un traitement équivalent.

Une mécanique de précision
Le mouvement suisse est d'origine ETA modifié, â remontage manuel, basé sur un calibre chronographe UT 5497 16 lignes, d'un diamètre de 36,60 mm pour 4,50 mm d'épaisseur, 17 rubis, incabloc antichoc, et rodhié en finition perlée soignée. Les réglages d'adjustement sont réalisés en quatre positions et la précision assure un écart de mains de dix secondes par jour. Le balancier en glucydur est insensible aux changements de température.

La Luminor pèse 125 g. Elle est livrée avec deux bracelets l'un en requin kaki, l'autre en cuir fauve, un tournevis et des vis de rechange dans un coffret bois. Comme pour tout matériel militaire, chaque montre est numérotée, se voit accompagnée d'un livret d'entretien individuel garantissant la conformité de chaque modèle au cahier des charpes et porte la signature du responsable des contrôles.

Elle présente des caractéristiques tour a fait uniques, tant par son histoire que par sa conception technique, pensée pour résister â une utilisation militaire intensive.

Les autres variantes
En même temps que sa série commémorative, Panerai a produit cent montres, hors commerce, destinées a la marine italienne. Par rapport au modèle standard, la halte est recouverte de nitrure de titane antireflet de couleur noire. De plus, le cadran porte l'inscription Marina Militare, et le fond un numéro de série. Cette montre est à peuprès introuvable.

Un peu plus d'un an après, les ateliers fabriquent deux cents Luminar Marina, une montre dont la boîte reçoit une finition noire, mais dont le mouvement est modifié par l'adonction de la fonction petite seconde, positionnée a 9 h, comme sur les anciennes montres animées par un mouvement Angélus. Pour mémoire, Panerai a aussi étudié, à la demande des plongeurs d'une importante marine européenne, une version de la Luminor, dont 'appelation interne est 'Sub', dotée d'une lunette tournante unidirectionnelle. Il semble qu'à l'heure actuelle, aucun prototype n'ait été réalisé et que ce projet n'ait pas dépassé le stade de la planche à dessin.

Mare Nostrum, le chronographe de pont
Le chronographe Mare Nastrum verra lui aussi sa production globale limitée à 1.000 exemplaires numérotés.

La boîte affiche un imposant diamètre extérieur de 42 millimètres et est entièrement construite en acier inoxydable AISI 316 L. Sa fabrication requiert 36 opérations et quatre séries de tests dont une mise à la pression de 7 atmosphères. Doté d'un verre saphir, le chronographe Mare Nostrum est caractérisé par une lunette tachymétrique massive et des liaisons boîtier-bracelet particulièrement soignées; des axes robustes maintenus par des vis remplacent les 'pompes' traditionnelles et suppriment les risques de perte.

Le cadran bleu marine parte deux grands chiffres arabes, dix index luminescents, et deux petits cadrans à 3 et 6 h, petites secondes et totalisateur des minutes. Cette luminescence est obtenue par l'utilisation de Tritium 8/3 ISO, protégé par l'application d'un verni laqué conformément aux normes internationales. Les aiguilles reçoivent un traitement équivalent.

Le mouvement
Le mouvement suisse est d'origine ETA modifié, à remontage manuel, basé sur un calibre chranographe UT 2801-2, 11 lignes et demie, d'un diamètre de 23,6 mm pour 3,35 mm d'épaisseur, 17 rubis, incabloc antichoc, balancier glucidur à réglage micrométrique, et rodhié en finition soignee'. Les réglages d'ajustement sont réalisés en quatre positions pour un écart de précision garanti de mains de dix secondes par jour. Cette base a été alustée avec un couvre-mouvement Dubais-Depras 3127, 13 lignes 1/4 de 30 millimètres de diamètre et 6,25 d'épaisseur, 43 rubis.

Le chronagraphe Mare Nostrum pèse 115 g équipé. Il est livré avec un bracelet requin bleu, un tournevis et des vis de rechange dans un coffret bois. Comme pour tout matériel militaire, chaque chronagraphe est numéroté et se voit, à aussi, accompagné d'un livret d'entretien individuel garantissant la conformité de chaque modèle au cahier des charges et porte la signature du responsable des contrôles.

Hollywood entre en scène
Il semble que l'acteur américain Sylvester Stallone ait été la première star à découvrir et à adopter la Luminor au cours d'un voyage en Italie. Il en acheta, dit-on, toute une serie.

Il portera une Luminor Marina dans plusieurs films, comme en privé, et en offrira à ses associés des restaurants 'Planet Hollywood', Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis et Demi Moore, entre autres. A l'occasion du film 'Daylight', Panerai réalisera une série limitée de montres Panerai Slytech. A l'origine, trois types de montres et un chranographe devaient être construits à 200 exemplaires choc un et livrés dans de luxueux coffrets. Seuls deux types de montres verront effectivement le jour, a raison d'une cinquantaine d 'exemplaires, baptisés 'Daylight' pour le modèle à boîte acier inox et cadran blanc, et 'Submersible ' pour celui à cadran noir. Des problèmes de contrat avec l'acteur semblent être à l'origine de la mise en sommeil de ce projet.

Puis Cartier vint...
L'Officine Panerai ne présente plus, à l'aube du frais leme millénaire, la même structure qu'après-guerre. Sa spécialisation dans la fabrication de matériels de signalisation pour héliports civils ou militaires, embarqués ou terrestres, explique la cession de son département horloger au groupe Vendôme, i ncantestablement plus apte à développer la marque auprès du public, en mars de cette année. Une page est donc fournée, mais l'aventure continue, et il est fort probable que Panerai sera la vedette du prochain salon de Genève, en 1998....

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